La direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) préfère l’ombre. La voici pourtant, bien malgré elle, propulsée dans la lumière crue des « affaires ». Selon les informations du Monde, son ancien directeur général entre 2013 et 2017, le diplomate Bernard Bajolet, a été mis en examen par la juge Claire Thépaut, à Bobigny, le 18 octobre 2022, pour « complicité d’extorsion » et « atteinte arbitraire à la liberté individuelle par dépositaire de l’autorité publique ». L’ancien directeur du cabinet de M. Bajolet, le général Jean-Pierre Palasset, bénéficie, pour sa part, du statut intermédiaire de témoin assisté dans ce dossier.
L’actuel patron de la DGSE, le très discret Bernard Emié, a également dû s’expliquer, mais en tant que simple témoin, sur les embarrassantes mesures d’extorsion dont se serait rendue coupable la DGSE, en mars 2016, à l’endroit d’un riche entrepreneur, Alain Duménil. M. Bajolet et son ancien adjoint sont soupçonnés d’avoir permis ou autorisé la mise en œuvre d’un chantage intimidant sur cet homme d’affaires qui s’était retrouvé, un peu par hasard, au début des années 2000, à devoir gérer l’argent caché des « services ».
Devant la juge Thépaut, ces trois figures du renseignement ont surtout dû lever le voile sur l’un des secrets les mieux gardés de la République : qu’est devenu le trésor de guerre de la DGSE, ces 23 millions d’euros accumulés depuis un siècle, puis dilapidés au gré d’investissements hasardeux ? D’après les trois hauts fonctionnaires, c’est M. Duménil qui aurait, par des manœuvres financières déloyales, récupéré, pour son profit personnel, les avoirs des services. Lui dément et se plaint depuis des années des « pressions » de la DGSE…
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